Vous serez sans doutes très heureux d'apprendre qu'Elenwë est issu de l'union d'une intermittente du spectacle et d'un petit cordonnier – dont la rencontre fut aussi improbable que comique mais ceci est une autre histoire – et qu'il rejoignit l'humble famille Kølt au rang de septième enfant. Cependant, nous n'allons pas nous attarder là-dessus pour la bonne et simple raison que les deux jeunes parents ne sont plus – la mère eut le malheur de manquer une marche dans les escaliers et de s'ouvrir la boîte crânienne contre une dalle alors que le père fut emporté par la tuberculose suite à une balade un peu trop aventureuse dans les bois – et qu'Elenwë a perdu de vue ses frères et sœurs. Enfin, quatre sont décédés – pneumonie infantile, diabète insulino-dépendant, malnutrition et écrasement sous les briques d'une maison visiblement plus en très bon état – et les jumelles Ehra et Tessa avaient été achetées à l'orphelinat alors qu'il avait 3 ans et elles 5 ans. Donc, en fait, Elenwë a vécu comme un orphelin depuis sa troisième année de vie, et nous allons commencer notre récit ici sous peine d'avoir un véritable roman à lire si on reprend aux mésaventures de ses parents.
De l'âge de 2 ans et demi à celui de 8 ans trois quart, Elenwë résida au petit orphelinat d'un faubourg à proximité de Minas'tir. L'établissement était alors tenu par la noble famille Keltfireal, qui cédait gentiment son nom sous la forme Koltfireal à ses petits protégés les plus démunis. Elenwë fut amené à porter ce nom, mais dès qu'il fut assez grand pour se prendre en charge il supprima les deux dernières particules – il ne savait pas très bien écrire et autant de lettres le saoulaient – et ajouta un trait sur le o – parce que ça faisait plus joli comme ça -, revenant à son nom original sans le savoir. Le monde est bien fait quand même. Enfin bref.
La petite institution disposait d'assez de ressources pour permettre aux orphelins de vivre décemment et, contrairement aux enfants solitaires de la campagne, Elenwë eut le loisir de passer six années un quart dans un environnement sain, éducatif et tolérant. Dans la limite du possible, car rappelons que les gamins sont des monstres de toutes façons!
Un enseignement de culture générale était dispensé par des étudiants de la ville en quête d'un peu d'argent, permettant aux orphelins de ne pas sombrer dans l'illettrisme et l'analphabétisme, mais celle-ci n'était évidemment pas à hauteur des standards de la société. De ce fait, rares étaient les enfants qui réussissaient à quitter l'orphelinat pour entrer dans l'internat d'une école au début de l'adolescence, et les Keltfireal privilégiaient l'insertion de leurs protégés dans le monde du travail que dans celui, moins accessible, de l'érudition. Pour protéger leur place sous le toit de l'orphelinat, les enfants recueillis se devaient d'apporter une contribution à l'établissement. Celle-ci était fonction de l'âge et du sexe, envoyant généralement les petites filles aux fourneaux et les petits garçons aux travaux physiques en ville ou aux champs. Cette entrée rapide, et souvent intensive, des orphelins dans l'univers du travail leur permettait – non seulement de garder leur place – d'établir des premiers contactes, des premières relations, de commencer à se forger une réputation que leurs parents n'étaient plus là pour leur fournir, et de s'assurer un avenir.
Elenwë, contrairement à la plupart de ses camarades, ne participa pas énergiquement à l'intégration dans la vie active. Se contentant de faire le strict minimum pour payer sa place à l'orphelinat, il préférait passer ses journées à observer les autres, les fourmis, les moisissures entre les cartons, les graviers irréguliers de la place du marché. Déjà petit il était prédestiné à devenir un cas social. Ce qui ne fut pas arrangé par le caractère des autres orphelins. Ça devait être une promotion de bras cassés, de fin de série. Or donc, la majorité des autres résidents de l'établissement – enfin de ceux qui avaient environ son âge – avait subi des traumatismes plus ou moins différents – avant d'en arriver à l'orphelinat – et Elenwë, pour qui ça n'était pas vraiment le cas, trouvait grande distraction dans l'analyse des comportements et histoires d'autrui.
C'est probablement à cette époque où l'esprit fragile de l'enfant s'agença de manière aussi tarabiscotée.
A l'âge de huit ans trois quart, Elenwë se vit proposer une place de musicien par une petite troupe sillonnant les auberges de la capitale. Enfin, de « musicienne » parce qu'il avait alors les cheveux longs et qu'on l'avait pris pour une petite fille n'ayant pas de place aux cuisines et perdue à rien faire dans un monde d'hommes. Sans trop réfléchir sur le moment, l'enfant accepta et quitta l'orphelinat pour se mettre à la flûte traversière.
Son « secret » ne tînt pas très longtemps – cinq jours – et toute la troupe eut vite fait de se rendre compte de la véritable nature de son sexe . Cependant, la plupart ayant développé un instinct maternel, ou paternel, à l'égard du petit garçon lunatique, et la majorité n'ayant rien à redire sur ses capacités musicales, la question de son renvoi flotta dans l'atmosphère quelques minutes puis quitta définitivement les pensées.
Elenwë continua à se laisser habiller en fille par la gente féminine de la compagnie – c'était amusant alors pourquoi pas – et devint rapidement « Len » pour tout le monde. Le diminutif ne gênait pas plus l'enfant, si ce n'était qu'il fallait qu'il se souvienne de répondre aux deux appellations.
Si l'enfant avait une certaine difficulté à lire les partitions soumises à ses yeux – bien que la chose s'améliora nettement avec l'expérience – il n'en était pas moins plutôt doué avec l'instrument qu'on lui avait confié. Ses doigts trouvaient naturellement l'emplacement des touches et les mélodies qui sortaient du tube le faisaient avec fluidité et légèreté. D'une certaine manière, elles représentaient assez bien le caractère lunatique, versatile et complexe du petit garçon. Bon, le faire jouer avec d'autres musiciens fut une tâche plus qu'ardue pour la petite troupe – vous vous doutez que Len avait tendance à reprendre son propre rythme et partir en cacahuète après six mesures – mais cette expérience lui apprit à respecter un ensemble, des consignes, à faire partie d'un tout.
Jusqu'à l'âge de 11 ans, l'enfant passa ses jours avec la petite troupe, visitant toutes les facettes de la mise en place d'un spectacle. Mais la musique, la narration et la danse ne furent pas les seules choses que ses aînés lui apprirent. Il eut droit à des initiations à la cuisine, la couture, au tricot, aux travaux ménagers, un peu de bricolage et de marchandage,… Mais surtout des premières notions de combat.
Faire partie d'une compagnie d'intermittents du spectacle n'était pas exactement un choix très sécuritaire de vie. Entre les établissements parfois mal fréquentés où ils intervenaient, les rues mal famées qu'ils empruntaient à des heures indécentes, la valeur des objets qu'ils trimballaient d'une auberge à une autre, mieux valait pour les membres de la troupe savoir se défendre. On apprit donc à Len les rudiments du combat, l'emploi d'armes furtives plus adéquates en ville que de longues épées, ainsi que tout l'art de l'espionnage. Parce que si il était important de savoir débusquer les compagnies rivales, il était tout aussi vitale de surveiller leur avancée. La compétition pouvait parfois être rude entre les murs de la capitale!
Espionner était une activité que l'enfant appréciait tout particulièrement. Non seulement cela lui permettait de renouer avec l'observation qu'il aimait pratiquer plus que tout, mais en plus cela ajoutait une notion de jeu dans l'esprit du petit garçon. Analyser sans être vu. Chose qui tombait bien car, en tant que plus jeune membre de la troupe, il était aussi celui le plus à même de se fondre furtivement dans le décor, tout comme celui dont l'excuse serait la plus potable s'il devait être pris la main dans le sac. Ainsi, Len passa de nombreuses journées à espionner les troupes rivales... jusqu'à être interpellé par des gardes.
Âgé de 11 ans, en pleine activité de rassemblement furtif d'informations, le petit garçon fut arrêté par la milice pour... vol de pommes sur un étalage à trois mètre de lui. Ce qui était loin d'être exacte, mais l'individu qui avait commis ce crime lui ressemblait – à cette époque il était de nouveau habillé comme un garçon – et avait filé plus loin, donnant l'impression aux gardes qu'ils avaient mis la main sur leur coupable. Néanmoins, Len les suivit sans faire d'histoire. Il n'avait jamais visité la prison et c'était une bonne occasion pour aller faire un peu de tourisme. Et puis, accessoirement, il ne voulait pas causer de problèmes à sa petite troupe.
Les cachots étaient froids et humides, sombres, et la nourriture qui y était servie absolument immangeable. Un zéro étoiles sur le guide du Routard. Len décida donc de s'échapper. Plus vite dit que fait, pourtant le bonhomme était bien motivé. Après de nombreuses tentatives n'ayant réussi qu'à augmenter ses charges et repousser son jugement, tentatives ayant compris:
- ouverture de la serrure avec des aiguilles; notes: très long, peu fructueux et n'enlève pas les trop nombreux gardes dans les couloirs
- attaque du soldat lui apportant à manger; notes: s'en prendre à une armoire à glace quand on est une allumette ne sert pas à grand chose à part se fouler le poignet, et maintenant ils glissent la gamelle sous les barreaux
- profiter de l'envoi chez le médecin à cause de ladite foulure pour soudoyer le porteur de la voix d'Hippocrate; notes: aurait probablement marché si l'homme avait plus tenu du médecin que du scientifique fou
- feindre d'être malade pour voir le médecin et s'échapper du cabinet; notes: se souvenir que la fenêtre du cabinet est au deuxième étage de la tour
- profiter de son séjour à la clinique du médecin pour s'échapper d'une manière ou d'une autre; notes: portes surveillées, fenêtres verrouillées, personnel non sensible aux larmes de crocodile, cartons de produits médicaux un peu trop étroits lorsque l'on a les côtes fêlées et tendant à faire pousser un cri lorsque le paquet heurte la dalle devant le passage de la sécurité
- soudoyer les gardes; notes: réfléchir avec quoi, et malheureusement ils semblent s'être pris d'affection – ça les fait bien rire – pour le petit casse-cou mais sans plus
Donc après toutes ces tentatives infructueuses un soldat finit par aller lui rendre visite et lui proposer une place à l'académie militaire de Minas'tir. Il avait été impressionné par la volonté de l'enfant et son imagination. Ou alors il avait eut pitié de lui, ou mieux encore, il avait espéré profiter du comique show sans avoir à se déplacer jusqu'aux prisons. Enfin bref, quoi qu'il en soit, Len accepta immédiatement cette opportunité de quitter son palace cinq étoiles et se retrouva catapulté dans le bureau d'un des enseignants de l'école.
Aux environs de 11 ans et demi le petit garçon pénétra pour la première fois entre les murs de l'académie militaire de Minas'tir. L'enseignant, qui se chargea de son accueil, et le prit par la suite sous son aile, fut aimablement renommé « Fü » par Elenwë – qui pour des raisons administratives avait du renouer avec son prénom d'origine – pour la bonne et simple raison que son nom était trop long et trop tordu pour l'esprit vagabond de l'enfant.
Par rapport à ses camarades de promotion, Elenwë n'était pas particulièrement doué ou impotent, juste différent. On l'avait placé avec des petits soldats de son âge – environ – qui, pour la plupart, avaient débuté deux à trois ans plus tôt leur formation militaire. Cependant, là où les autres faisaient preuve d'expérience dans le mouvement du geste, Elenwë compensait par la souplesse et la dextérité qu'il avait acquis avec la troupe. Certes, il ne pouvait pas rivaliser avec ceux qui avaient appris à combattre avant de savoir marcher, ou qui s'étaient déjà battus pour leur vie, mais il était bien plus à l'aise que certains.
Là où le pré-adolescent avait le plus de mal, c'était l'enseignement théorique. Contrairement aux petite recrues issues de milieux relativement aisés, ou celles venant d'univers plus modestes mais ayant déjà eu deux ans, voire trois, pour maîtriser l'écriture et la lecture, Elenwë était complètement à la ramasse sur ce sujet. Et fut donc contraint de suivre des cours privés avec Fü pour pouvoir rattraper son retard. Force d'années et de travail, Elenwë est à présent capable de manier le verbe par écrit, ou oralement, de façon presque similaire à un nobliaux. Même si, lorsqu'il aperçoit un énorme dossier sur son bureau, cela le fatigue et lui donne mal à la tête rien que de le voir.
Les années passèrent, avec leurs lots de joie et de tristesse, et surtout de travail et difficulté, amenant finalement l'adolescent au statut de Soldat de l'armée de Tamac, de l'armée du Roi Higor Milanòv. A l'âge de 16 ans, Elenwë réussit, tout comme une poignée de camarades de sa promotion, à faire valoir la finesse de sa lame pour être reconnu par la société. Certes, le jeune homme avait encore beaucoup à apprendre, et ses premières missions n'eurent rien de très extravagant, mais il jouissait à présent d'un rang lui assurant reconnaissance et mérite pour ses efforts, et lui offrant la possibilité de monter en grades selon l'intensité de sa détermination.
Par la suite, le militaire eut l'occasion de beaucoup voyager et de découvrir les autres races peuplant la terre de Nerethnit. Dont le premier contacte fut un peu maladroit, car Elenwë était alors convaincu que ces nations n'existaient que dans les contes pour enfants et les légendes. L'univers de l'adolescent s'agrandit aussi du côté de la société Humaine. Se laissant prendre sous l'aile de plusieurs aristocrates, montant peu à peu en galons et côtoyant quelques gradées connaissances de Fü, le jeune homme gagna rapidement sa place dans le cercle de la Noblesse ; échangeant volontiers avec les hommes, distrayant les dames de ses aventures, et intrigant la plupart du fait de son caractère particulier. Oh il n'était pas apprécié de tous, certains craignaient même grandement pour sa santé mentale, et Elenwë dût prestement apprendre à manier la diplomatie et l'art de la manipulation afin de ne pas dépendre uniquement de la notoriété de ses quelques parrains et marraines.
A l'âge de 18 ans et demi, le jeune homme fut envoyé en mission à Gùlaort pour renégocier les accords concernant la production d'outils technologiques des Gnomes pour le peuple Humain.
Durant trois ans et demi, Elenwë resta dans les environs de Gùlaort pour mener son expédition diplomatique à bien. Du moins, officiellement. Officieusement, le soldat avait aussi reçu l'ordre d'observer les mouvements d'une partie des autres peuples et de déterminer leur niveau d'armement, leur situation politique, et de rédiger un dossier sur leurs pratiques militaires. A cette occasion, le jeune homme apprit grandement sur les autres nations, cultivant sa curiosité pour l'inconnu. Par ailleurs, cette double mission lui permis de renouer avec l'espionnage qu'il avait moins pratiqué lors de son adolescence passée à l'académie militaire ; tout comme de parfaire des techniques de combat et de diplomatie bien plus sournoises que celles enseignées aux simples, et purs, soldats de Tamac.
Revenant à Minas'tir alors que la capitale était en pleine effervescence dans l'attente de l'arrivée des dignitaires Elfiques, le retour d'Elenwë passa plus ou moins inaperçu auprès de la cour. A l'inverse, dans les rangs élevés des militaires son rapport fit beaucoup de bruit et lui valu une promotion au rang de Capitaine pour le dossier stratégique qu'il avait constitué, ainsi que pour les compétences qu'il avait visiblement acquises. Lorsqu'il avait quitté la ville mère, Elenwë n'était encore qu'un enfant à la lame heureuse, mais lorsqu'il retrouva son sein, il était devenu un jeune homme au poignet agile et compétent, à l'esprit cultivé et habile – dans la limite de sa versatilité -. Ce qui n'échappa ni à Fü, ni à ses autres supérieurs, qui l'accueillirent parmi eux à bras grands ouverts pour la plupart.
Le surlendemain de son retour, Elenwë fut donc aux meilleurs loges pour assister à l'arrivée des Hauts-Elfes dans la cité de Minas'tir. Tout comme, pour la première fois, appréhender les silhouettes Royales des Milanòv. Et tomber éperdument, follement, dramatiquement, amoureux du Prince. Ce ne fut pas exactement un coup de foudre, mais plutôt le résultat de diverses interventions de Louis Milanòv qui attirèrent son attention, et surtout sa curiosité vis à vis d'un caractère particulier. Étonnamment, le Capitaine n'éprouva aucun sentiment de jalousie à l'égard de la Princesse Elfique à laquelle le Prince avait décidé de se fiancer. En fait, il la trouva tellement jolie qu'il n'eut pas le cœur à la maudire pour sa position. Et puis, pour une personne ayant passé autant de temps à observer les autres, il savait pertinemment qu'Ezëkielle Lossëhelin n'était pas à envier dans cette situation malheureuse.
A la suite de cet événement, entre ses nouveaux devoirs de Capitaine et ses entraînements quotidiens, Elenwë se pencha sur le cas du Prince Milanòv en... l'épiant. Il aurait tout simplement pu s'intéresser à une des biographies écrites au sujet de son Altesse, mais le caractère léger du militaire le poussait à agir impulsivement dans sa collecte d'informations. Grâce à ses capacités d'espionnage et sa parole preste, il réussissait à éviter la suspicion des gardes du corps de Louis et à se livrer à cette occupation sans trop de difficultés.
Néanmoins, la situation changea rapidement lorsque l'on eut vent de la relation adultère de la Princesse Ezëkielle Lossëhelin. L'agitation reprit la capitale et Elenwë dut se résoudre à laisser en suspens ses petits loisirs pour, sans cesses, ajuster son travail aux ordres Royaux. Et, notamment : les préparatifs à la guerre. En tant que soldat du Royaume, partir au combat ne dérangeait pas le jeune homme plus que ça. Cependant, il lui semblait quelque peu déraisonnable de se lancer dans une telle offensive juste par jalousie et vengeance. Le Prince avait-il des motivations plus profondes ou la fierté Royale dépassait le devoir des souverains ?
En tant que jeune promu Capitaine, Elenwë ne fut pas tout de suite envoyé sur le front. On estimait qu'il n'avait pas assez d'expérience de commandement et de stratégie macroscopique pour agir directement sur le terrain. Sur plusieurs semaines il planifia donc le recrutement, l'envoie d'homme et le roulement des garnisons ; le ravitaillement et le courrier. Ce fut une période assez éreintante pour le militaire qui n'avait pas l'habitude de rester concentré aussi longtemps, aussi intensément ; mais aussi l'occasion de surveiller les aléas de la cour en période de crise.
Finalement, le conflit trouva résolution avant qu'Elenwë soit envoyé sur les lignes. Le jeune Capitaine avait été en pleine révision mentale de son rapport, dissimulé sous une des voûtes de la salle du trône, attendant son temps d'audience avec le Roi, lorsque l'homme à l'origine de la guerre entre les Humains et les Hauts-Elfes fût amené devant sa Majesté Higor Milanòv. Analysant en silence ce qu'il arrivait à voir du captif – c'est à dire pas grand chose vu qu'il était mieux escorté qu'un gardien du trésor Royal -, Elenwë laissa la scène devant ses yeux se jouer sans apporter son grain de sel. Ce fut donc de première main qu'il reçut les nouvelles de l'existence d'un second Prince et de la vilénie de Louis Milanòv.
Peu après, cette révélation diffusa comme une traînée de poudre à travers le Royaume, la guerre toucha à sa fin et les aînés militaires d'Elenwë refoulèrent les pavés de Minas'tir. De nombreuses réunions militaires eurent alors lieu en raison des accords de paix à bien définir, des changements de statuts au sein de la Royauté et des résultats du conflit. Lorsque la décision de position de l'armée face aux événements fut mise sur le plateau, le jeune Capitaine avait déjà décidé de suivre Louis Milanòv dans son exil.
Il est dit que le Capitaine Kølt aurait suivi le Prince Déchu afin de surveiller ses agissements sur ordre du conseil militaire. Mais il est aussi dit qu'il aurait commis bien des atrocités au nom dudit Prince par amour pour lui. Les rumeurs sont ce qu'elles sont, mais reposent généralement sur une part de vérité.
Quoi qu'il en fût vraiment, lorsque Louis Milanòv fut chassé de sa terre natale, Elenwë fit partie des quelques hommes qui accompagnèrent le Prince et lui jurèrent une loyauté éternelle malgré les circonstances. En arrivant aux terres d'Ahrkan, le Capitaine – qui devait rester à ce grade par décision de son Altesse mais évidemment dans un autre camp – assista son supérieur dans les négociations d'alliance avec le Roi Liche et de la construction de Kärnass.
Lorsque le poids des préoccupations diminua, le jeune homme déclina la proposition de monter en grade afin de rester un peu dans l'ombre et fût donc employé par le Prince comme rôdeur – sous le nom de Len – en Ahrkan et Yöorenk. Observant les peuples entourant la nouvelle terre de son Maître, il amorçait doucement la sympathie de ceux-ci à l'égard de Louis Milanòv, repérait les âmes désireuses d'une nouvelle ère et les envoyait remplir les rangs de Kärnass, nouait des liens avec des partenaires importants potentiels, et fût amené à négocier avec les Drows pour qu'ils s'allient à son Prince.
Aujourd'hui, Elenwë rôde sur le sol Est de Nerethnit, sous les ordres de Louis Milanòv afin de consolider le pouvoir de celui-ci tout comme pour espionner les terres de Tamak – ou faire son rapport à ses supérieurs quant aux agissements du Prince Déchu – lorsqu'il n'est pas à Kärnass pour effectuer son travail de Capitaine de manière plus normale.